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IVG médicamenteuse, le moment de l'expulsion : silence radio !

Dernière mise à jour : 20 oct. 2023


Je tiens à préciser que même si vous trouvez les mots femme et homme ou des défauts d'écritures inclusives (que je ne maitrise pas), mes articles s'adressent à tout le monde. Je suis consciente que l'IVG ne concerne pas que les femmes.

En France, l'IVG médicamenteuse a lieu en deux temps. La prise du premier médicament, la mifépristone (un antiprogestérone) stop la grossesse. Puis le second, le misoprostol (une prostaglandine) permet l'expulsion de l'amas pluricellulaire (l'embryon).


Il n'est pas possible de dire qu'une méthode d'interruption de grossesse et mieux que l'autre. Les deux présentent des « avantages » et des « inconvénients ». La méthode médicamenteuse est beaucoup plus utilisée aujourd'hui dans notre pays. Elle est moins coûteuse et mobilise moins de moyens matériels et humains.


Au total, 76 % des IVG sont médicamenteux. Cela représente donc un grand nombre de femmes (environ 167 000 par an) qui interrompe une grossesse via cette méthode chaque année en France. Et parmi ces requérantes, une immense majorité est très peu informée et peu préparée au moment de l'expulsion.



QU'EST-CE QUI SE PASSE DANS LE CORPS ?


Le misoprostol, qui déclenche l'expulsion, est constitué d'hormones de synthèses. Il contient des dérivés synthétiques de la prostaglandine de type E1, normalement produites par le corps et impliquées dans différentes réactions de l'organisme (activité intestinale, modulation de l'inflammation, action sur l'hypothalamus et sur la fièvre).


Lors d'une interruption de grossesse, ce médicament est utilisé pour son action stimulante des muscles lisses du myomètre dans l'utérus et un relâchement du col utérin. Cette propriété utérotonique va ainsi provoquer l'expulsion du contenu utérin.


Son action sur les fibres lisse de l'utérus, est la même sur les fibres lisse de l'intestin. Pour cette raison, parmi les effets secondaires du misoprostol, il y a les diarrhées et les douleurs abdominales, les nausées allant jusqu'aux vomissements.


QUELLES INFORMATIONS SONT DISPONIBLES SUR CE SUJET ?


En faisant une recherche Google pour « IVG moment de l'expulsion », qu'est-ce que l'on peut lire ?


Sur les dix premiers résultats de recherche, tous les sites évoquent le moment de l'expulsion au travers des données statistiques suivantes :


L'expulsion de l'embryon se fait dans les 4 heures suivant la prise du deuxième comprimé dans 60 % des cas. Dans 40 % des cas, l'expulsion a lieu dans les 24 à 72 heures.


Dans le contenu de ces premiers résultats de recherche, il y a quand même quelques recommandations/informations comme :

- ne pas être seule pour le moment de l'expulsion ;

- toujours prendre ce deuxième médicament même s'il y a des saignements avant ;

- les saignements sont plus abondants au moment de l'expulsion ;

- les saignements qui apparaissent après la prise des comprimés ne témoignent pas systématiquement de l'expulsion totale de l'embryon ;

- le rendez-vous de contrôle est nécessaire pour s'assurer que tout a été évacué.


Ce sont à peu près les mêmes informations qui vont être communiquées lors du rendez-vous médical avant l'IVG.


Parmi les sites que j'ai consultés en écrivant cet article, un seul mentionne « la possibilité de visualiser le sac gestationnel » lors de l'expulsion (Journal des Femmes). Et dans cet article, c'est de cela que je souhaite parler.

METTRE DES MOTS SUR CE MOMENT


Pourquoi est-ce que j'ai souhaité écrire un article sur ce sujet ? Et bien tout d'abord, car personne ne l'a fait, mais ce n'est pas forcément une raison suffisante. J'ai pu constater que les femmes mentionnent souvent que le moment de l'expulsion a été plus surprenant, voir plus perturbant que ce qu'elles avaient imaginé. Je m'explique cela pour deux raisons : le tabou qui entoure ce moment et le fait de ne pas forcément aborder ce moment pour ne pas inquiéter outre mesure la requérante.


Mais si nous abordions ce moment autrement qu'à travers des statistiques ou des recommandations médicales ? Pourrait-on s'intéresser aux dimensions pratiques et émotionnelles de cette étape de l'interruption de grossesse provoquée ? Comment s'y préparer en douceur ? Comment accompagner ce moment ? Comment gérer ce moment ?


Il n'est pas possible de généraliser ce qui est vécu lors de l'expulsion. Toutefois, ce que nous pouvons dire, c'est que la plupart du temps, les femmes vont voir un mélange de sang, de tissus et de fibres dans leur serviette hygiénique ou dans les toilettes. Généralement, on ne perçoit pas le sac gestationnel, car il est très petit et qu’il est emmêlé dans le sang et les fibres. C'est une des raisons principales pour laquelle l'IVG médicamenteuse n'est possible que jusqu'à 9 semaines d'aménorrhées. Parfois, il est tout de même possible de remarquer des cellules un peu nacrées qui tranchent avec la couleur rouge des saignements.


Voilà ce que le site Woman on web écrit à ce sujet :

- Si vous enceinte de 5 ou 6 semaines, il n’y aura pas de poche visible.

- À 9 semaines, vous verrez sûrement une poche et il est possible que vous voyiez des cellules. Cela peut être perturbant.


Il est souvent recommandé de tirer la chasse d’eau des toilettes pour évacuer les produits de la grossesse et de jeter les serviettes hygiéniques dans un sac en plastique. Mais voici un témoignage :


Lors de mon interruption de grossesse médicamenteuse, je n'étais pas du tout préparer au moment de l'expulsion. J'ai réalisé ceci à contrecoup. Je pense que j'étais tellement focus sur la gestion de la douleur et des émotions que je n'y ai même pas pensé. Je ne me progettais absolument pas face à ce qui allait sortir de moi. Je suis allée plusieurs fois aux toilettes lorsque j'avais des contractions, je saignais, mais pas plus que ça ... et puis je ne sais pas pourquoi, j'ai préféré me mettre dans la baignoir plutôt qu'au-dessus des toilettes. Et c'est à ce moment-là que j'ai expulsé l'embryon. Je ne peux pas dire que j'ai vraiment vu quelque chose, ce n'est pas le cas, mais je sais que c'était ça, car c'était plus conséquent que simplement des saignements ou bien même des fibres du myomètre. Et là, en fait, je me suis retrouvée face à ce petit bout de moi, je n'étais pas choquée, mais je n'étais pas préparée et je ne savais pas quoi faire, alors j'ai fait couler de l'eau pour laisser ces cellules s'évacuer dans les canalisations. Et franchement après, c'est ce geste-là qui m'a perturbé. Qu'aurais-je pu faire de plus sur le coup ? Je ne sais pas, mais j'aurais aimé être péparé pour avoir le choix. Peut-être que j'aurais choisi de récupérer ça dans un mouchoir et de l'enterrer dans la forêt, je sais que ça peut paraître bizarre, mais est-ce que ce n'est pas tout aussi bizarre de laisser partir tout ça dans des égouts ? Pour moi si.


NOTRE RAPPORT OCCIDENTAL A LA MORT


Je pense que le rapport tabou et inconfortable que nous avons avec la mort en occident, ne nous permet pas d'appréhender ce genre de situations et de sujet sainement.


F. Mitterand dans la préface du livre de Marie de Hennezel « la mort intime » dit :

« Comment mourir ? Nous vivons dans un monde que la question effraie et qui s’en détourne. Des civilisations avant nous regardaient la mort en face. Elles dessinaient pour la communauté et pour chacun le chemin du passage. Elles donnaient à l’achèvement de la destinée sa richesse et son sens. Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère. ».


Ce que j'aborde là me semble se situer au cœur d'un paradoxe ambivalent de l'IVG. L'interruption volontaire de grossesse est très largement abordé soit au regard du droit législatif, soit au regard du débat pour/contre, héritage des années 70 durant lesquelles (à mon sens) pour lutter pour acquérir ce droit, les mouvements féministes ont porté un discours qui rendait anodin l'avortement.


Pourtant, interrompre une grossesse n'est pas anodin. Ce n'est pas grave, ce n'est pas traumatisant, mais ce n'est pas anodin.


Si nous nous extirpons de cette vision et que nous élargissons le champ lexical et émotionnel qui l'entoure, peut-être pourra-t-on questionner le rapport à la mort qui se joue dans cet acte et donc la manière d'aborder cette mort ?


Ce n'est qu'en admettant ceci, que nous pourrons aborder sereinement la question de l'expulsion de l'embryon et de la manière d'appréhender ce moment.




CE QUE LES FEMMES DISENT DE L'EXPULSION


Dans la prochaine partie, je vais partager des témoignages qui m'ont été confiés par 3 femmes ayant vécu une IVG médicamenteuse et qui ont accepté de me partager leur histoire.


Aucune interruption volontaire de grossesse n'est la même. Chaque vécu est unique, différent et il appartient à la personne qui le vit. Je ne partage pas ces témoignages pour inquiéter ou pour rassurer, mais pour informer et pour contribuer à lutter contre le tabou et à ramener de la lumière sur ce vécu de femme.


Témoignage de Méline (IVG à 5 semaines d'aménorrhées)


J'ai une amie qui avait vécu une IVG médicamenteuse avant moi et qui m'en a parlé. Elle m'avait dit qu'à choisir si elle devait repasser par là, elle choisirait une IVG par aspiration, car elle avait perdu beaucoup de sang et avait eu de grosses douleurs et cela l'avait énormément stressé. Du coup, j'avais des appréhensions et comme le médecin à un devoir d'information sur les risques d'hémorragie, cette information m'avait stressé. J'avais vraiment cette idée en tête. Je m'inquiétais pour la douleur, les pertes de sang et de voir l'embryon.


Le jour J, je me suis mis en arrêt et avec mon compagnon, on est allé dans sa maison de campagne. Tous les deux, on a vraiment créé un cadre pour que je me sente bien.


Les douleurs sont arrivées au bout de 15 min environ avec des bouffées de chaleur, mais je n'ai pas perdu de sang pendant les 2 premiers jours. Puis le 3ᵉ jour, j'ai saigné, mais pas beaucoup, mais je sentais quand même l'écoulement. D'habitude, j'ai un flux léger durant mes menstruations et je sentais que c'était plus abondant, mais pas autant que ce que j'avais imaginé. Au final, j'ai eu des saignements abondants pendant 2 jours puis très légers pendant 15 jours.

Finalement, je n'ai rien vu hormis des petits caillots de sang. Pourtant, j'observais bien mes pertes à la fois pour être sûr que l'expulsion avait bien eu lieu et aussi parce que j'avais prévu un rituel au cas où… Mais le médecin m'avait prévenu que ce n'était pas certain que je vois quelque chose.



J'avais des peurs et des appréhensions et je l'ai vécu tout en douceur, hormis une demi-heure de contractions. J'ai pris le temps d'écrire une lettre et de vivre cet événement en conscience et cela m'a aidé. Les rituels faisaient partie de ma vie et en cherchant des informations sur internet, je suis tombée sur ton site et j'ai vu qu'il y avait plein de possibles pour accompagner mon IVG symboliquement. Cela m'a conforté dans le souhait de prendre le temps de ritualiser cet événement. Pour moi, cela a fait la différence et je ne pense pas que je l'aurais vécu de cette manière, en douceur, si je n'avais pas pris le temps de faire ce que j'ai fait : m'accompagner moi-même en respectant mon corps et en prenant soin de moi. J'ai pu le vivre en paix et en accord avec ma décision.


Le conseil de Méline : Je conseille aux personnes qui vivent une IVG de prendre soin d'elles, de s'écouter. Notre décision nous appartient, elle est dans notre coeur et il n'y a que cela qui compte. Il faut toujours d'écouter avec bienveillance en posant des mots. Je conseille de le vivre en regroupant autour de soi tout ce qui nous fait du bien et cela nous aide à le vivre en douceur.

Témoignage de Delphine, qui a vécu deux IVG médicamenteuses.


La première fois, ça s'est passé à la clinique des Bluets. J'étais dans une chambre partagée avec une jeune fille et j'essayais d'être rassurant et présente pour elle, ce qui quelque part m'a permis de moins mentaliser ce que je vivais moi-même.

Au bout de deux heures, après la prise du misoprostol qui déclenche l'expulsion, toujours rien, ni douleurs, ni saignements. Mon conjoint est venu me chercher et c'est quand j'ai quitté l'hôpital, dans la rue, que l'expulsion a commencé. On ne m'avait pas du tout prévenu de la sensation que l'on ressent. On te dit « ça va être des règles », mais en fait pas du tout. J'ai couru à l'hôpital et l'expulsion a eu lieu dans les toilettes. J'ai eu un choc parce que je m'attendais pas du tout à ce que ce soit aussi rapide et indolore. Je me suis alors retrouvé face à cet œuf qui avait un aspect gélatineux. J'ai vraiment ressenti un choc émotionnel à ce moment, mais pas du tout un choc de douleurs. J'ai été choqué par la taille de ce que j'ai vu et aussi choqué du peu d'information que j'avais eu au final. Je suis retournée à l'étage pour voir la sage-femme parce que j'avais des questions. Celle-ci s'est monté très rassurante et a répondu à mes questions.


Ce que je veux dire, c'est que j'ai vraiment senti le passage au niveau du col et ça m'a impressionné. Si un jour j'ai un enfant, une fille, je pense que je lui parlerai de ça, pour l'informer. Je me suis vraiment sentie seule et choquée face aux toilettes de l'hôpital. Pendant un instant, je me suis demandée « Qu'est ce que je fais ? Est-ce que je le ramasse ? Est-ce que je le mets ailleurs ? » et puis j'ai tiré la chasse. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre et j'ai eu besoin de parler de mon vécu.


Ce passage de l'expulsion, on ne l'aborde pas. Je pense que l'on n'ose pas le dire. Il y a un peu le culte du secret. Les médecins communiquent au final très peu sur ce sujet, mais je sais que c'est pour rassurer et alléger ce qui va se passer. J'ai mis du temps à en parler et quand j'ai vu ta demande d'interview, je me suis dit « c'est le moment d'en parler pour que les femmes saches ce qui peut se passer ».


Je trouve aussi que souvent le partenaire ne peut pas comprendre. D'abord, parce qu'il ne le vit pas dans son corps bien sûr, mais aussi parce que souvent, il n'est pas là face aux toilettes quand l'expulsion a lieu.


Je veux quand même dire, qu'au final, j'ai très bien vécu cette IVG, car je n'étais pas seule, que je me suis sentie accompagné par le personnel soignant. Je suis même retournée à la clinique des Bluets pour accompagner des jeunes filles qui devaient avoir une IVG.


Ma deuxième IVG médicamenteuse a eu lieu pendant la période covid et j'ai donc du prendre le misoprostol chez moi, et à ce moment, j'aurais préféré être à l'hôpital comme la première fois. Je ne me voyais pas vivre ça sans être accompagné par des professionnels.


Dès le début ça à mal commencé, le gynécologue que je suis allée voir s'est montré odieux et violent lors de la consultation, et ce, malgré la présence de mon compagnon. Le médecin m'a donné 4 misoprostols à prendre chez moi et elle m'a dit de prendre les 4 d'un coup.


J'avais beaucoup d'appréhension quant au moment de l'expulsion. J'ai vomi toute la nuit, mais l'expulsion est arrivée très vite. J'ai ressenti beaucoup plus de douleurs que la première fois. Cette fois-ci, j'ai demandé à mon compagnon de venir avec moi aux toilettes et l'expulsion a eu lieu sur le chemin entre le canapé et les toilettes. J'ai retiré ma serviette hygiénique et pour la deuxième fois de ma vie je me retrouve face à un amas de cellules conséquent. Avec mon compagnon on s'est demandé ce qu'on faisait. J'ai voulu le metter aux toilettes mais mon compagnon n'a pas voulu. Il l'a pris l'a emballé et la mit à la poubelle parce qu'il ne savait pas quoi faire. Comme j'avais déjà vécu ça heureusement j'ai pu rassurer mon conjoint, mais je me suis sentie quand même un peu démuni sans personnel soignant.


Le conseil de Delphine : Je recommande de pouvoir être entourré de professionnels de santé à l'écoute qui peuvent aider avec bienveillance et soutien dans ce choix. L'IVG médicamnteuse peut être assez dure si tu n'es pas prête à la livre à la fois physiquement et émotionnellement. C'est un choix qui doit être réfléchit avec conscience. Il faut oser poser des questions (même trop) sur les différentes méthodes d'IVG pour vivre cet événement en accord avec soi-même.

Témoignage de Laurine (IVG à environ 9 semaines d'aménorrhées)


J'ai eu besoin de temps, de beaucoup de discussion, de beaucoup pleurer pour accepter de prendre cette décision.


L'IVG s'est déroulée de manière très surréaliste sur 48h. Nous sommes rentrés de vacances juste pour le rendez-vous, durant lequel j'ai pris un premier cachet. En sortant de l'hôpital, j'ai senti son effet dans mon ventre, et cela, a été difficile à vivre, je suis passé par beaucoup d'émotions : la tristesse, le regret, la colère.


Le lendemain, j'ai préparé tout ce dont j'aurais besoin comme affaires à l'hôpital et notamment tout ce qui me permettrait de prendre soin de mon post-partum.

À l'époque, il fallait un pass sanitaire pour accéder à l'hôpital et le cabinet infirmier a eu un problème dans la délivrance des attestations ce qui fait que mon compagnon ne l'avait pas pour m'accompagner à l'hôpital. J'ai très mal vécu ce moment de devoir vivre ce passage seule, me rendre à l'hôpital sans qu'il ne puisse être là.


J'avais besoin comme la naissance de mes autres enfants de vivre ce passage en conscience et d'honorer ce bébé. J'ai donc créé un petit espace, un autel pour accompagner ce passage. J'ai parlé à mon bébé, à mon corps, puis j'ai pris les médicaments. Pour accompagner mon corps, j'ai fait des mouvements de bassin. Par chance, l'histoire d'attestation s'est résolue et mon compagnon a pu me rejoindre.


Au sujet de l'expulsion, le personnel médical m'avait juste expliqué que c'était comme des menstruations en plus forte intensité. Très reliée à mon corps, j'ai senti l'expulsion. Je suis allé aux toilettes et j'ai tout de suite vu l'embryon. J'avais prévu une boîte pour le récupérer et l'emmener à la maison avec nous en attendant de le rendre à la terre dans le cadre d'un rituel. Ce moment a été un espace-temps d'une grande puissance où j'ai incarné avec force la maman louve, avec sang-froid, j'ai observé et accueilli le fœtus. Quand j'y repense, je me dis que j'ai fait preuve de beaucoup de force.


Le conseil de Laurine : Je conseille de ne pas êter seule et de s'autoriser à être soutenue, accompagnée, car chaque personne mérite que ce passage soit vécu avec le plus de douceur et d'amour possible.

VIVRE CE MOMENT EN CONSCIENCE : QU'EST-CE QUE CELA VEUT DIRE ?


Comme vous avez pu le lire dans les différents témoignages, chaque vécu est différent. Dans tous les cas, pour accueillir et vivre le mieux possible ce moment de l'expulsion, il est primordial d'avoir eu des informations fiables et bienveillantes en amont. Il me semble très important aussi de dire que plus l'on ramène de la conscience dans ce moment, plus il pourra être vécu avec douceur. Ce qui ne signifie pas ici ne pas avoir de douleurs, mais plutôt de ne pas être confronté à un trop grand choc émotionnel. Certaines femmes préféreront être à l'hôpital, d'autres préféreront être chez elle. Cela dépend aussi du délai et du protocole qui vous est proposé. Dans tous les cas, prenez soin de vous, entourez vous de choses qui vous font du bien. Essayez de penser sereinement au moment de l'expulsion, c'est cela qui vous permettra de ne pas être démuni le moment muni.





Faire les choses en conscience commence par :

  • les faire avec présence ;

  • se connecter à sa respiration, ils nous arrivent souvent de bloquer notre respiration, de manière inconsciente et de faire les choses comme si nous étions en semi-apnée et cela est très mauvais pour le corps et le mental (vous trouverez facilement sur youtube des exercices de respiration, de cohérence cardiaque ou encore de visualisation par exemple) ;

  • donner du sens à ce que l'on fait, cela inclue la conscience de soi, de qui on est et de notre libre-arbitre.

Il y a différents niveaux de conscience qui se complètent :

  • la conscience du corps : percevoir ses ressentis physiques, cela amène une présence au corps et à une compréhension de ce qui se passe en soi ;

  • la conscience de l'esprit : entraîner notre esprit au « ici & maintenant », percevoir le petit vélo qui se met en route dans notre et percevoir les excès de pensées du passé et du futur ;

  • la conscience du corps/esprit : comprendre que notre corps et notre esprit sont en interaction, d'ailleurs les émotions sont avant tout un message du corps ;

  • la conscience de soi : qui suis-je ? quelles sont mes valeurs ? quelles sont mes forces et mes faiblesses ? qu'est ce que mon corps et mon esprit souhaitent profondément pour moi ?


Lors d'une interruption volontaire de grossesse, il arrive d'avoir la sensation de rentrer en conflit avec son corps ou avec son esprit. On peut avoir l'impression que notre corps nous a trahis, on peut se refuser à accompagner la douleur comme pour s'auto-punir, on peut rentrer en conflit avec nos valeurs et nos croyances. Faites la paix avec votre corps, votre coeur et votre mental. Faire de son mieux c'est toujours déjà beaucoup. Donnez-vous de l'amour et de la douceur, réclamer des calins si vous en avait besoin. Cela peut paraître anodin voir enfantin et bien justement, tendez votre main à votre enfant intérieur.

Ramenez de la conscience lors de l'expulsion, en vous connectant à votre utérus. Essayez de percevoir ses mouvements, ces douleurs, ces messages ... Votre utérus n'est pas un territoire lointain et inconnu, il est votre territoire le plus intime.


Si la décision a été dure à prendre, ne soyez pas dans un excès de pensées du passé ou du futur. Respirez et revenez à l'instant présent. C'est tout ce que nous avons dans la vie : notre pouvoir d'être ici et maintenant.


Merci de m'avoir lu







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